La rentrée littéraire 2022 : points forts
La rentrée littéraire 2022 : points forts https://expodif.fr/wp-content/uploads/2022/11/enfant-livre-bibliotheque-lecture.jpg 2110 1420 Expodif //expodif.fr/wp-content/uploads/2020/06/expodif-blue-logo@2x.pngDepuis maintenant 2 ans, les chiffres du marché du livre surprennent tant ils sont malmenés par une actualité houleuse. Ceux de la rentrée littéraire 2022 n’échappent pas au phénomène.
Avec seulement 490 romans et 1 444 essais et documents à paraître entre août et octobre 2022, cette rentrée est timide.
Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. L’incertitude du monde de l’édition et des éditeurs indépendants face à la fusion programmée entre Editis et Hachette en est une. Et pour finir, la crise du papier qui a fortement impacté les éditeurs.
Expodif analyse et résume pour vous les chiffres de cette nouvelle rentrée littéraire et le contexte incertain qui lui est associé.
La rentrée littéraire 2022 : ce qu’il faut retenir
Nous l’avons évoqué, la rentrée littéraire 2022 est au ralenti, avec seulement (données Livre Hebdo/ Electre Data Services) :
– 490 romans à paraître ;
– 1 444 essais et documents.
Dans la catégorie romans et fictions, la baisse enregistrée est de 6 % par rapport à 2021. Ce chiffre est même le plus bas observé depuis 20 ans.
Parmi les nouvelles sorties, nous comptons 345 titres français et 145 romans étrangers. La parution de titres français est en baisse de 9 %.
Les essais et documents observent une baisse de 12 % à un an d’intervalle.
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Romans et fictions : quelques chiffres clés par éditeur
Les mastodontes de l’édition ont majoritairement revu à la baisse le nombre de fictions éditées. Pour ne citer que les chiffres les plus significatifs :
– 16 romans pour Grasset contre 13 l’année dernière ;
– les éditions Stock ont réduit leur production de près d’⅓ en 5 ans. En 2022, elles éditent environ 10 romans ;
– Gallimard n’édite que 13 romans contre 18 en 2021.
Seules les éditions Le Seuil ont revu leurs nouveautés à la hausse avec 10 fictions éditées contre 7 l’année précédente.
Il est à noter que les premiers romans sont en hausse avec 90 nouveaux auteurs publiés en 2022, soit plus de 21 % par rapport à 2021. 74 maisons d’éditions, majoritairement de petite taille et indépendantes, promeuvent ces primo-auteurs.
2022 voient aussi la naissance de 2 nouveaux éditeurs, Clique et Livres agités qui défendent 2 nouveaux auteurs, respectivement :
– “La guerre des bouffons” d’Idir Hocini ;
– “Biche” de Mona Messine.
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Les principales têtes d’affiche de cette rentrée littéraire 2022
L’actualité a fortement inspiré les auteurs pour cette rentrée littéraire.
Sur fond de confinement, de féminisme et de réseaux sociaux, le roman de Virginie Despentes “Cher connard” est l’incontournable de cette rentrée littéraire.
Autre nom, autre poids lourd au féminin, Amélie Nothomb publiée chez Albin Michel. Son roman “Le livre des sœurs” confronte un amour parental défaillant à l’amour inconditionnel entre sœurs.
La rentrée littéraire française marque également le retour d’auteurs qui comptent comme Yann Queffélec (D’où vient l’amour), Bernard Chambaz (La Peau du dos), Christophe Ono-Dit-Biot (Trouver refuge) pour ne citer qu’eux.
Pour les auteurs étrangers, nous retrouverons, entre autres :
– le célèbre écrivain Russel Banks avec son livre “Oh, Canada” ;
– l’autrice britannique Anna Hope et son livre “Rocher blanc” ;
– ou encore Anthony Doerr, célèbre plume américaine avec “La cité des nuages et des oiseaux”.
Les principales causes d’une rentrée littéraire 2022 en demi-teinte
Cette rentrée en demi-teinte s’explique notamment par 2 éléments conjoncturels :
– le possible rapprochement entre Editis (appartenant à Vivendi) et Hachette (du groupe Lagardère) ;
– la crise du papier.
1/ Le projet de fusion entre Editis et Hachette
Bien avant la rentrée littéraire de septembre 2022, il était encore question d’une fusion entre Editis et Hachette.
En 2021, moins de 20 % des meilleures ventes financent près de 80 % des livres. Dix auteurs se partagent ces 20 % et huit d’entre eux sont édités par Editis ou Hachette. Ce futur conglomérat laissait donc craindre aux éditeurs concurrents, gros et petits, aux libraires et aux auteurs, un quasi-monopole commercial.
Si la fusion ne semble plus être d’actualité depuis cet été 2022, Vivendi prend quand même le contrôle de Hachette. L’ancienne ministre de la Culture et présidente du directoire des éditions Actes Sud, Françoise Nyssen, émet encore quelques craintes sur une possible financiarisation du secteur : “Ce qui peut être craint, c’est que si le rachat est de créer un acteur en position de domination sur le marché de l’édition et de la diffusion du livre, c’est une menace pour le maintien d’une diversité d’acteurs qui sont la condition de la diversité de l’offre éditoriale qui fonde le modèle culturel français, cette exception française”.
2/ La crise du papier
Si certains acteurs parlent uniquement de pénurie de papier, il serait plus juste de parler de crise du papier. En effet, la pénurie s’accompagne d’une augmentation de 30 à 50 % du prix du papier. Cette hausse impacte bien évidemment les coûts de production des livres.
Si les plus grands éditeurs peuvent absorber temporairement cette augmentation, la situation est plus difficile pour les indépendants. Pour donner un exemple, la maison d’édition indépendante, Toussaint L’ouverture, payait 650 € la tonne de papier contre 950 € aujourd’hui.
Le Syndicat national de l’édition (SNE) s’est emparé de cette problématique urgente. Des pourparlers sont en cours au sein de la Fédération des éditeurs européens (FEE) avec les papetiers européens (CEPI).
En synthèse, cette rentrée littéraire 2022 reflète le contexte socio-politico-économique tendu dans lequel nous évoluons ces dernières années. Peu de nouveaux romans et peu d’essais et documents. Il est intéressant de retenir quand même la présence d’auteurs poids lourds et l’augmentation de primo-auteurs défendus par des petites maisons d’édition.
Le rachat de Hachette par Vivendi et l’avenir d’Editis peuvent redessiner la cartographie actuelle des éditeurs et restent donc sous surveillance. Autres éléments conjoncturels à surveiller : la crise du papier et ses impacts sur la chaîne de production.
Si l’offre littéraire est en baisse sur cette rentrée 2022, il sera intéressant de suivre le chiffre des ventes sur le second semestre 2022. La relative baisse des ventes de livres neufs sur le trimestre précédent se confirmera-t-elle ? Peut-on imaginer que le marché du livre soit aussi complètement redéfini face à la concurrence de plus en plus forte des livres d’occasions et des livres neufs soldés ? Affaire à suivre…